Arbres et croix, symboles du territoire Image de la vie, l’arbre l’était encore davantage lorsqu’il était planté à la naissance ou au mariage d’un enfant.
La plantation se faisait rituellement contre le mur de façade lors de la cérémonie de prise de possession de la ison, mais il arrivait qu’elle se fasse à la sortie du village comme pour présumer de son extension future. Ainsi aux Vouthons, dans le sud meusien, il était d’usage, lors de la naissance d’un enfant, de planter un merisier le long de la route départementale D 966.
Selon Marc Lechien, paysagiste, l’essence choisie était toujours une essence fruitière, car ce n’était pas la longévité ni la prestance ou la majesté qui comptait mais la fécondité et la richesse à venir. “Dans le cas du mariage, l’arbre est à l’image du couple, il porte en lui des fruits à naître. Dans le cas de la naissance on souhaite que l’enfant, comme l’arbre, donne un jour à la communauté les fruits du travail de ses sèves. Dans le cas d’un mariage, les nouveaux époux étaient tenus dans la première année de leur union de planter et d’entretenir chacun un arbre fruitier sur le bord des chemins, routes ou autres lieux qui leur étaient indiqués. Ces coutumes montrent que jusqu’à la fin du XIXe siècle ces populations possédaient comme une évidence le sentiment de l’intime solidarité de l’homme et de la nature“. Aujourd’hui, rares sont les espèces encore vivantes, sacrifiées lors des travaux d’élargissement ou de recalibrage des chemins ou des routes départementales.
Les abords du village meusien étaient fréquemment cpnstellés de noyers. Durant les fortes chaleurs zénithales de l’été, on y attachait les animaux de trait, pendant que le maître cassait la croûte ou faisait la sieste. Non seulement, on profitait de l’ombre intense et bienfaitrice, mais surtout
on composait avec le pouvoir insecticide naturel du noyer qui a l’étonnante faculté d’éloigner toute espèce d’insectes (frelon, guêpe, taon, etc.) dont la piqûre peut avoir de fâcheuses conséquences pour l’homme et pour l’animal.
Le noyer était aussi symbole de richesse ; les nombreuses variétés plantées assuraient une production très diversifiée d’huiles et un complément de sources de revenus non négligeable : huile à cuisiner, huile à saisonnements (la plus fine), huile à soigner les cuirs (harnais, chaussures), huile à frotter les meubles, lampe à huile, peinture…
La solide foi paysanne est évoquée de façon tangible par la présence de calvaires et de croix de chemins. Pour le paysan analphabète, l’image ayant une importance et une efficacité absolues, ils sont les signes de la piété omniprésente jusque dans l’univers du travail. Ils sont aussi les signes d’identification du territoire habité, du territoire cultivé.
Les calvaires et les croix de chemins étaient souvent accompagnés d’un ou plusieurs arbres majestueux : les frondaisons opulentes abritaient des ardeurs du soleil et de la pluie le passant qui venait se recueillir. La monumentalité de l’arbre donnait au calvaire ou parfois à une chapelle isolée une importance dans le paysage qui permettait de l’apercevoir de très loin comme un petit clocher secondaire.
Texte avec un grand mercie de: Jean-Pierre WIECZOREK, C.A.U.E. de la Meuse
REFLET DE LA MEMOIRE DU MONDE RURAL
Texte integral: reflet de la memoire
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